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Une âme d'artisane en éveil et qui préserve le patrimoine...

Texte parue dans La Concorde, 27 février 2008
Journaliste Sylvie Mondou

Véritable touche-à-tout, Renée Nadon, une citoyenne de la région, a exercé plusieurs métiers depuis qu’elle a intégré le marché du travail il y a de cela une vingtaine d’années. Il fut une époque où elle en pratiquait même deux ou trois à la fois! Ainsi, elle a été représentante publicitaire, a livré des télégrammes et des ballons pour des anniversaires, de la pizza, a fait de la photo de mariage et immobilière, des travaux de couture… C’est une débrouillarde qui a une personnalité vive, dynamique et passionnée! De plus, lorsqu’elle entreprend un projet, elle s’y donne entièrement. Elle travaille donc de façon impeccable.

Que fait une personne possédant un tel enthousiasme pour la vie lorsque les responsabilités familiales l’allègent? Elle explore et cherche à développer de nouvelles habiletés.

Cependant, animée depuis toujours d’une passion pour les antiquités et les maisons ancestrales, elle trouve rapidement. C’est en se rendant à une exposition de métiers anciens qu’elle a un coup de foudre pour la technique du tressage et rempaillage de chaises à l’ancienne. Elle décide donc de suivre une formation avec un artisan rempailleur de la ville de Québec. C’est en 2006, que chaque samedi, une fois par mois, elle se rendait à l’atelier de son professeur qui lui transmettait un peu de son savoir durant quelques heures. Durant son temps de loisir, elle complétait cette formation mensuelle pour la mise en application de ce qu’elle avait appris.

Aujourd’hui, celle qui effectue de la restauration de pièces antiques depuis de nombreuses années – en plus de ses autres talents – a donc une nouvelle corde à son arc puisqu’elle possède désormais tous les procédés de paillage et de tressage en babiche, corde de papier, foin de mer, lattes de rotin, cannage tressé à la main et prétressé. C’est avec fierté qu’elle m’a montré les différents travaux de tressage et paillage réalisés jusqu’à maintenant et qu’elle m’a parlé de ce métier qui existe depuis le XV111e siècle.  » Quand on possède une technique, on a la chance de poursuivre une tradition tout en inventant, on peut y aller de sa créativité « , m’explique Renée.

Un amour infini pour le patrimoine

En plus d’aimer ce travail manuel, Renée est portée par un amour infini pour le patrimoine. Elle possède une âme de collectionneuse et conservatrice. Aussi, l’idée de contribuer à la conservation de biens patrimoniaux, et poursuivre une tradition ancienne afin qu’elle demeure bien vivante et d’éventuellement transmettre ce précieux savoir à son tour la ravit tout simplement. Elle trouve essentiel qu’une relève d’artisans œuvrant dans ce créneau soit formée et assurée. C’est un lien important entre les générations.  » Qu’arriverait-il sinon, tout serait perdu?  » lance celle-ci.

Il y a peu de rempailleurs au Québec et en pratiquant cette forme d’art qu’est le rempaillage, elle a l’impression de participer à quelque chose de grand et de rare. C’est pourquoi d’ailleurs, elle se fait louangeuse à l’égard de son professeur et elle se dit très reconnaissante pour la formation qu’il lui a permis d’acquérir et pour son soutien. Elle a beaucoup de respect pour ce qu’il fait.

Il y a également quelque chose de sacré dans l’accomplissement de ce genre de tâches restauratrices et peut-être est-ce pour cette raison que ces métiers anciens nous attirent parfois, comme ce fut le cas pour Renée… Et l’aspect sacré de ce travail prend tout son sens lorsqu’on la regarde à l’œuvre.

En conversant, Renée dit aimer travailler le beau et les vieux objets, pour la vie qu’ils contiennent et le bonheur.

Rendue à l’âge où l’on aime prendre un autre tournant, peut-être se laissera-t-elle guidée par cette nouvelle ferveur qu’elle ressent dans ses mains et jusque dans son âme et la compétence d’une désormais véritable artisane.